Deux mois que je m'émeus !

Étant donnée ma volonté de mettre toute mon énergie dans la récupération avant ma reprise du travail en septembre, je vais partir en "retraite philosophique". J'ai l'accord de mon chirurgien, tout est en ordre. Ne reste plus qu'à supporter le voyage, je n'ai aucune certitude quant à ma capacité à tenir plusieurs heures assis...j´irai dans le coffre si nécessaire !

Je vais, autant que possible, dormir, marcher pour entretenir mes nouvelles jambes affinées de coureur à pieds, profiter de ma famille, suivre des soins. Bref, je vais tenter de me refaire une santé pour revenir tout "neuf"...

Avant de préparer mes sacs, je me fends d'un post un peu plus robuste que d'ordinaire, car par la suite je devrais alléger.

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Avertissement

Pour lire la suite il faut remplir certaines des conditions suivantes, sinon mieux vaut passer sa route. Vous voyez, je suis plein de bienveillance ;-)

0) Vous faites partie des "surfeurs du web" pour qui lire tout et n'importe quoi n'est pas un pb

1) Vous m'appréciez, ou tout au moins vous ressentez de la sympathie

2) Vous avez du temps et êtes patients

3) Vous êtes curieux

4) Vous trouvez un intérêt médical à mon histoire

5) Vous trouvez ça cool de prendre une bonne gaufre en vélo et souhaitez voir si l'on s'en remet sans trop de séquelles neurologiques et physiques. Je vous rassure certaines étaient antérieures ;-)

6) Vous voulez tuer des minutes car vous attendez un train ou un avion, et les retards ça vous gonfle !!!

7) Autre, me donner la raison, mais comme ça je ne vois pas

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Intro

Comme déjà dit dans un de mes premiers posts, "même Dieu ne pourrait faire que ce qui a été fait ne l'ait pas été" dixit Descartes. Ainsi m'apitoyer sur mon sort est vain, seule la mobilisation de mon énergie vitale a un sens. Le reste n'est que gaspillage, gesticulation. Par conséquent, je mets tout mon jus au service de mon dos, je recalibre mes capteurs sensoriels, j'analyse mes circuits électriques défaillants, je tente de tuer les signaux parasites. Surtout, je refuse mon état actuel ! Je me "défonce" entre autres psychiquement pour l'améliorer.

 "Veux-tu que je te dise, gémir n'est pas de mise aux Marquises" Jacques Brel

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Flash Back !

Octobre 1996, je pars pour 8 mois de corset rigide lombaire (en plastique dur mais pour un port en journée contrairement à celui du cru 2014). Début 1997 je suis au fond du trou, tout m'abandonne ici-bas, je subis une belle loi des séries. Jamais je ne m'étais aventuré aussi loin dans les abysses. Je m'assimile à Guillaume Néry en descente "no limit". Malgré la noirceur de cette période, je conserve une étincelle au fond de mon cœur bien triste. Un tournant se dessine en cette année 97, je n'évoquerai ici que la partie sportive...

Fin juin 1997, je subis une intervention chirurgicale pour débord discal. Suite aux 2-3 jours d'hospitalisation, le chirurgien me conseille d'arrêter le tennis et de seulement m'entretenir physiquement en faisant du vélo sur le développement 39x25. Bien sûr, je vais me mettre en retraite sportive à 26 ans...

C'est alors qu'en pleine convalescence je lis dans le Dauphiné Libéré qu'il va y avoir la montée chronométrée de L'Alpe d'Huez. Je ne connais rien au vélo de compétition mais je m'aligne avec mon look de tennisman (chaussettes André Agassi). Je finis 11ème sur plus de 200 concurrents, sans ressentir de douleur dorsale. A cet instant j'ai la conviction qu'il y a quelque chose à creuser. Moi qui suis un compétiteur né (ce qui n'est pas une qualité en soi), j'y vois une possibilité indubitable de recyclage sportif...

« Au coeur de l'incertitude il y a toujours l'espoir, si fragile soit-il. » Robert Choquette

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Etat des lieux - Juillet 2014

Mes douleurs ne présentent plus le caractère insupportable du début, désormais j'ai une barre dans le dos accompagnée d'une raideur conséquente. Jamais je n'avais goûté à des contractures musculaires aussi durables. C'est tout simplement étonnant, j'ai de la corde dans le dos. Au moment de la chute, mes dorsaux se sont verrouillés pour ne plus jamais se décontracter totalement. Ils demeurent en mode protection de la moelle épinière, comme si l'enjeu était trop important pour permettre le moindre relâchement... 

Ainsi, comme dirait notre fameux racoleur Élie Semoun "si tu es blonde, et masseuse à forte..." j'arrête là, je ne voudrais pas heurter les esprits sensibles !

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Bilan de ces 9 semaines, eh oui c'est bien cela, 9s pour 2 mois!

Le but de ce blog était de m'aider à passer un cap difficile, il a allègrement rempli son rôle. Il m'a détourné de mes douleurs, surtout en juin, mois au cours duquel j'ai eu à serrer les dents. Les minutes actuelles "c'est le col d'Ornon en comparaison de celui de l'Alpe d'Huez" pour les cyclistes qui connaissent....

Au cours de mes posts, j'ai essayé de livrer ma vérité, mes humeurs du moment. C'est pourquoi mes messages étaient parfois porteur d'une atmosphère un peu lourde, à l'image de mon moral fluctuant. Cela n'a rien d'illogique puisque je n'étais pas toujours à même de plaisanter. Malgré tout, j'ai constamment tenté de glisser une touche d'humour. Ce dernier s'est parfois coloré de noir. Logique, je préfère Pierre Desproges à Patrick Sébastien, autrement dit "la minute nécessaire" au "petit bonhomme en mousse".

Voici mes 2 mois résumés en 10 points, tout y est.

1- Ai-je instantanément réalisé la gravité de la chute ? Non, j'ai compris que c'était sérieux mais pas au point de m'être fracturé  une vertèbre. Cette éventualité ne m'a traversé l'esprit à aucun moment. Le verdict radiologique a été un choc.

2- Mon envie de "combattre" a été à hauteur de la déception. Dès la chute je me suis contraint à ne pas laisser mon esprit glisser sur la pente de l'apitoiement, même si l'écœurement dominait, les deux états étant très distincts. J'ai verrouillé mes pensées vagabondes, comme j'aime à me répéter.

3- Est-ce que je pense être diminué physiquement à termes? Oui d'une certaine manière, en revanche je pense avoir déplacé le curseur de ma tolérance à la douleur. Dans le domaine du sport (et même ailleurs ?), cette dimension psychique est un de mes crédos, j'essaierai de le démontrer dès que possible.

4- Est-ce une leçon de vie ? Oui, j'ai très très bien intégré que nous oublions trop souvent d'apprécier notre santé, notre chance de pouvoir consacrer de l'énergie au superflu. Car ne nous leurrons pas, le sport et la compétition en particulier ne font pas partie des nécessités. Parlez-en aux 3 milliards de pauvres sur la planète. De manière générale, les occidentaux font totalement abstraction de l'îlot de bonheur dans lequel ils vivent. Nous sommes nés chanceux de notre situation géographique et nous crachons sans cesse dans la soupe...Alors ravalons toute notre amertume, nos mécontentements, ça ne devrait pas déboucher sur un ulcère...

5- Cette chute présente-t-elle un intérêt autre que celui évoqué en 4 ? Oui j'ai réalisé encore plus clairement qu'il fallait mener une analyse bénéfice/risque de nos activités. Je ne compte pas vieillir tel un bibelot sur une étagère, mais certaines rectifications vont s'imposer.

6- Ma ténacité en a-t-elle pris un coup ? Non, car tout ce qui ne tue pas (trop) renforce comme l'affirmait Nietzsche. J'ai ajouté "trop", car je ne suis pas certain d'être renforcé par certaines épreuves de la vie. Il faut savoir reconnaître que certains dommages affaiblissent irrémédiablement...

7- Me suis-je élevé grâce à cette épreuve ? En quelque sorte oui, mais comme le dit André Comte Sponville "Le sage n'a plus de problèmes, il les dépasse, le philosophe ne s'inquiète plus d'en avoir". Je rajouterais, l'idiot en a de très nombreux, sans la moindre conscience de ceux-ci... Choisissez votre camp ! 

8- La vie est-elle aimable? Oui absolument ! "Comme la fraise a goût de fraise, la vie a goût de bonheur" Alain

9- Pourquoi vais-je poursuivre le vélo et le sport ? Parce que je prends un plaisir fou à ressentir l'air s'écouler sur ma peau. En vélo, seul dans la campagne ou à la montagne, arrive un moment où je fusionne avec la nature pour former un tout, je m'intégre alors dans la roche, dans les champs pour disparaître du décor. Là est mon Nirvâna ! 

10- Ai-je pris plaisir à écrire ce blog ? Oui énormément, au point d'avoir envie de poursuivre "l'aventure" sous une autre forme une fois rétabli. Je trouverai bien une voie...

Bonnes vacances, si vous avez la chance d'en avoir...surtout en bonne santé !